Qu'est ce que le cholesteatome?
Un envahisseur silencieux de l’oreille moyenne
Parmi les pathologies de l’oreille, certaines sont bien connues du grand public comme les otites ou les pertes auditives liées à l’âge. D’autres, en revanche, restent peu connues alors qu’elles peuvent entraîner des conséquences sérieuses si elles ne sont pas prises en charge à temps. C’est le cas du cholestéatome, une affection de l’oreille moyenne qui mérite qu’on s’y attarde.
Un mot impressionnant pour une pathologie sournoise
Le mot « cholestéatome » peut sembler intimidant, et à juste titre. Pourtant, malgré son nom complexe, il ne s’agit pas d’une tumeur au sens cancéreux du terme. Le cholestéatome est une lésion bénigne mais invasive, qui peut se développer dans l’oreille moyenne (derrière le tympan), et dans certains cas, s’étendre à d’autres structures voisines.
Il est constitué d’un amas de cellules de peau (épithélium kératinisé) qui, au lieu d’être naturellement évacuées, s’accumulent dans une cavité de l’oreille. Au fil du temps, cette accumulation forme une masse qui peut s’infecter et détruire les structures osseuses environnantes, y compris les osselets responsables de la transmission des sons.
Les causes du cholestéatome
Le cholestéatome congénital
Il est présent dès la naissance. Il résulte d’un développement anormal de cellules cutanées dans l’oreille moyenne pendant la vie fœtale. Ce type est plus rare.
Le cholestéatome acquis
est le plus fréquent. Il apparaît généralement à la suite d’infections chroniques de l’oreille (otites moyennes répétées) ou de troubles de la ventilation de l’oreille moyenne, souvent liés à un dysfonctionnement de la trompe d’Eustache. Lorsque la trompe fonctionne mal, une dépression se forme dans l’oreille moyenne et entraîne une rétraction du tympan. Cette poche peut piéger des cellules mortes qui, au lieu d’être évacuées, s’accumulent progressivement.
Certains facteurs augmentent le risque de développer un cholestéatome :
Infections chroniques de l’oreille
Antécédents d’otites à répétition dans l’enfance
Malformations de l’oreille
Perforation ancienne du tympan
Quels sont les symptômes ?
Le cholestéatome est souvent insidieux. Il peut se développer lentement, sur plusieurs mois ou années, sans provoquer de douleur franche, ce qui retarde souvent le diagnostic.
Les signes les plus fréquents sont :
Otorrhée chronique : écoulement de l’oreille, souvent malodorant
Hypoacousie : perte auditive unilatérale, progressive
Sensation de pression dans l’oreille
Acouphènes
Vertiges ou troubles de l’équilibre (si l’oreille interne est atteinte)
Douleur (dans les cas plus avancés)
Parfois, le premier signe est une simple baisse auditive constatée lors d’un test auditif. Il est donc essentiel d’en parler rapidement à un médecin ORL si vous présentez ces symptômes, même s’ils paraissent anodins.
Pourquoi le cholestéatome est-il dangereux ?
Le danger principal du cholestéatome vient de sa capacité à détruire les structures osseuses environnantes. En l’absence de traitement, il peut entraîner :
La destruction des osselets, avec une perte auditive irréversible
Des infections chroniques difficiles à traiter
L’atteinte du nerf facial, pouvant entraîner une paralysie faciale
Une extension vers l’oreille interne avec vertiges ou surdité totale
Dans les cas extrêmes, une méningite ou un abcès cérébral
C’est pourquoi, même s’il est bénin sur le plan tumoral, le cholestéatome est considéré comme une urgence médicale ORL dès son diagnostic.
Comment est-il diagnostiqué ?
Le diagnostic repose sur plusieurs étapes :
Examen clinique ORL : l’oto-endoscopie permet souvent de visualiser une poche de rétraction, une perforation tympanique ou des débris cutanés suspects.
Audiogramme : pour mesurer la perte auditive.
Imagerie médicale : un scanner des rochers (la zone osseuse de l’oreille) est essentiel pour évaluer l’étendue du cholestéatome et planifier la chirurgie.
Dans certains cas, une IRM peut également être prescrite pour rechercher des complications ou pour assurer un suivi après l’intervention.
Le traitement : la chirurgie comme seule option
À ce jour, le seul traitement curatif du cholestéatome est chirurgical. L’objectif est d’enlever totalement la masse et d’assainir l’oreille pour éviter les récidives.
L’opération, appelée mastoidectomie, peut se faire sous anesthésie générale. Elle consiste à retirer le cholestéatome et à reconstruire, si possible, les structures détruites (tympan, osselets). Il existe plusieurs techniques selon l’extension de la lésion et l’état de l’oreille.
Après la chirurgie, un suivi ORL régulier est indispensable. Des récidives peuvent survenir, notamment si des fragments de cholestéatome persistent. Une seconde intervention est parfois nécessaire à distance.
Quelles sont les conséquences auditives ?
La perte auditive provoquée par un cholestéatome peut parfois être réversible si les osselets n’ont pas été trop endommagés. Dans certains cas, une prothèse ossiculaire peut être mise en place au moment de la chirurgie ou lors d’une seconde opération.
Lorsque la perte est plus importante ou irréversible, une appareillage auditif peut être envisagé pour améliorer la qualité de vie. Il existe aujourd’hui des aides auditives très discrètes et efficaces qui permettent de compenser les pertes liées à des séquelles chirurgicales.
L’audioprothésiste peut jouer un rôle essentiel dans cette prise en charge post-opératoire, en travaillant en collaboration avec l’ORL.
Quelle est la place de l'appareillage auditif après un cholestéatome ?
Après le traitement chirurgical d’un cholestéatome, la question de la réhabilitation auditive se pose souvent. En effet, même lorsque l’infection est complètement éradiquée, il n’est pas rare que des séquelles persistent sur le plan auditif, surtout si les osselets ont été détruits ou si une reconstruction partielle n’a pas permis de restaurer une transmission sonore optimale.
C’est là que l’appareillage auditif prend tout son sens. Il ne s’agit pas seulement de compenser une perte, mais d’accompagner la personne dans une nouvelle étape de sa récupération. L’objectif est de retrouver un confort auditif, une meilleure compréhension de la parole et une qualité de vie sociale préservée.
Selon la configuration de la perte auditive, plusieurs types d’aides auditives peuvent être envisagés :
Des appareils conventionnels à contour d’oreille ou intra-auriculaires si le conduit auditif et le tympan sont suffisamment stables.
Dans certains cas spécifiques (comme une oreille trop instable ou difficile à appareiller de manière classique), des systèmes à conduction osseuse ou à ancrage osseux peuvent être proposés, en lien avec l’ORL. Un appareillage de type CROS peut être proposé également.
Un appareillage ne peut être envisagé qu’après stabilisation complète de l’oreille : absence d’écoulement, cicatrisation des tissus, et autorisation médicale. Il s’intègre dans une démarche pluridisciplinaire, entre le chirurgien ORL et l’audioprothésiste, pour adapter la solution à la morphologie et au vécu du patient.
Il est important de rappeler que même après une maladie lourde comme un cholestéatome, il existe aujourd’hui des solutions efficaces, discrètes et personnalisables pour permettre aux patients de retrouver une audition fonctionnelle.
Peut-on prévenir le cholestéatome ?
La meilleure prévention passe par :
La prise en charge rapide et efficace des otites chroniques
Un suivi ORL en cas de perforation tympanique persistante
Une attention particulière à la qualité de l’audition, surtout chez les enfants ayant eu des otites à répétition
Un suivi régulier en cas de symptômes inhabituels est crucial. Une simple gêne auditive ne doit jamais être négligée.
En résumé
Le cholestéatome est une pathologie de l’oreille moyenne méconnue mais potentiellement grave. Bénin mais destructeur, il peut entraîner des pertes auditives sévères et des complications graves s’il n’est pas traité.
Heureusement, un diagnostic précoce et une chirurgie bien conduite permettent dans la majorité des cas d’en venir à bout. Si vous avez une baisse d’audition unilatérale, des écoulements chroniques ou une sensation d’oreille bouchée persistante, parlez-en à un ORL.
Et si une intervention a déjà été réalisée, n’hésitez pas à consulter votre audioprothésiste pour explorer les solutions de réhabilitation auditive adaptées à votre situation. Vous n’avez pas à rester dans le silence.






